La route depuis Palenque se fait toujours en deux étapes. 1er arrêt à Ocosingo, on change de minibus puis on repart vers San Cristobal de las Casas. En théorie ; car la route est depuis longtemps aux mains des Zapatistes qui bloquent l’accès la route à cinq kilomètres d’Ocosingo. Les passagers descendent et font les derniers kilomètres à pied jusqu’à la station de collectivos pour San Cristobal. D’où l’intérêt de voyager léger. Les zapatistes sont un peu les gilets jaunes du Chiapas. Il s’agit d’un groupe armé qui s’insurgent contre l’accord de libre-échange nord-américain. C’est un groupe de gauche altermondialiste qui proteste contre la main mise d’une minorité de propriétaires terriens et les inégalités sociales qui en découlent. Le mouvement né en 1994 manifeste avec plus ou moins de violence. Violemment réprimé il y a peu, il n’a pourtant jamais cessé d’exister.
Dès l’arrivée à San Cristobal on se rend compte qu’on est à 2200 mètre d’altitude. La température plafonne à 10° degré la nuit ça descend à 5. Ma première quête est donc de m’acheter de quoi me réchauffer j’ai beau bénir ma petite veste Décathlon, elle ne suffit pas. Une majorité de touristes achètent des sweater en laine du coin, mais ils sont tissés tellement large que le vent passe à travers. J’ai opté comme la plupart des Sancritobalenses pour une doudoune dorée que je remplis bien.
San Cristobal fut fondée par les espagnols en 1528 sous le nom de Villa Real de Chiapa. Elle fut rebaptisée du nom d’un évêque qui protégeait les indiens des abus des espagnols. Parmi les premières villes du Mexique, elle devint vite la capitale de la région, alors gouvernée par les espagnols depuis le Guatemala.
On est très vite charmé par les ruelles de pavés centenaires inégaux, où les voitures ne peuvent se croiser, les maisons basses aux toits de tuiles. Bien qu’en altitude la ville est entourée de sommets boisés. La ville est très animée, les touristes croisent des hordes de petites femmes Tzotiles en costume traditionnel chargées de tissus colorés ou de ceintures qu’elles tentent d’écouler. Les dessins de leurs vêtements sont caractéristiques de leur village d’origine. Certaines portent une jupe qui ressemble à la cape des gardiens du mur de Games of Thrones. C’est sûr que ça doit tenir chaud.
San Cristobal s’est approprié un tourisme « baba-cool hippie-new-age » Partout on voit fleurir des échoppes vegans (ici on dit naturiste), on propose des massages mayas, des cours de langue, des séances de relaxation, de fumigation, de yoga bien sûr. Dans la rue on croise de petits groupes de jeunes arborant des dreadlocks à la propreté douteuse, vêtus de haillons. Le soir ils sont affalés sur le trottoir, ils vendent des bijoux ou font de la musique. Toute une faune échappée d’un système auquel ils croient avoir renoncé. Ils se regroupent dans la rue touristique la « promenade Guadalupe »
Il y a pourtant bien d’autres lieux à explorer à San Cristobal Le marché par exemple où, en sus des boucheries dont l’odeur ferait fuir le plus carnivore de touristes, sont regroupées les poissonneries, les échoppes d’épices dont la plupart me sont tout à fait inconnues, les étals de légumes, et surtout les monceaux de fruits. En ce mois de janvier on trouve de pèches, des ananas, des raisins, des mandarines des oranges, des mangues, des fraises, Le tout disposé en petits tas et vendu à un prix ridicule. Ce marché est tenu par les mêmes tzotziles en robe traditionnelle. Le marché grouille de monde qui se croise et s’entrecroise. Pas loin de là, il y a les « pharmacies » traditionnelles, des herboristeries, qui font l’article à renfort de haut-parleur. Les photographes ne sont pas les bienvenus dans cet endroit. Autour du marché circulent les collectivos en provenance des villages voisins et les combis qui permettent de circuler dans la ville. Cà et là on vend des vêtements, du tissus des écouteurs, des ceintures, Et bien sûr on n’échappe pas aux petits food-trucks où on peut manger la base du fast-food mexicain : les tacos.
Le marché n’est pas loin de celui de l’artisanat. Encore plus coloré tenu par les mêmes petites bonnes femmes. Là ce sont des tissus, des couvertures, des chemises et des bijoux qui font tous envie Celui-là est au pied de l’église Santo Domigo la plus outrancièrement décorée de style plateresque. Des églises à San Cristobal, on n’en manque pas, mais la plus imposante est certes la cathédrale. Elle domine l’imposante place de la paix et est posée juste à côté du Zocalo qui ne paye pas de mine. San Cristobal regorge d’églises toutes différentes De petits coins mignons de petits et grand escaliers au sommet desquels, quand le ciel le permet, d’admirer la ville d’en haut. Une ballade qui se mérite.
Bref se promener dans San Cristobal est un plaisir des yeux sans cesse renouvelé.
Le Chiapas est une région productrice de cacao, et de café, aussi au gré des balades urbaines, on peut déguster les meilleurs expressi et les meilleurs chocolats chauds Les grains de chocolats sont moulus devant vous et les saveurs explosent dans sur la langue. Un seul inconvénient : comme le café turc, il reste des poussières de cacao au fond de la tasse. Vous l’aurez compris, c’est pas du Nesquik.
Eglise San Juan de Chamoula
La région du Chiapas est très fière de ses origines Mayas,
13% des autochtones ne parlent pas espagnol. Les traditions Mayas ont la vie
rude. Certains villages notamment ont intégré au catholicisme leurs traditions
animistes. C’est le cas pour Chamoula à 20 km de San Cristobal, Dans l’église ‘d’apparence
normale, se pratiquent d’étrange rituels Dans l’église pas de christ, il est
remplacé par saint Jean Baptiste, pas de chaises, pas d’autel, le sol est
jonché de longues aiguilles de pin. L’église est éclairée par d’innombrables bougies
amoncelées sur les bas-côtés. Dans la nef, de petits groupes de fidèles sont
agenouillés devant une centaine de petites bougies, alignées sur plusieurs rangs,
qu’ils allument et éteignent. Un Chamane psalmodie d’un ton mono corde faisant
penser à une cérémonie tibétaine devant lui de petites fioles en céramique, une
bouteille de Pox (alcool de maïs) et une de Coca. Le chœur où trône Saint Jean
Baptiste est littéralement couvert de bougies dont la vigueur flammes est
entretenue par un officiant, les fidèles gardent, pour la plupart, le regard
rivé à leur smartphone. Les touristes sont tolérés mais pas les photographes.
La cuisine mexicaine est mondialement renommée, San Cristobal offre un bel échantillon de cette diversité. Malheureusement la plupart des restaurants sacrifient l’aspect culturel à la demande touristique. Il faut donc un peu chercher pour échapper aux hamburgers, spaghettis et pizzas. La plupart des touristes s’abreuvent de Corona, de Heineken alors que le Mexique produit bon nombre de très bonnes bières. Voilà un aspect des touristes que je ne comprends pas. Ils font des milliers de kilomètres pour découvrir une autre culture mais se réfugient bien vite dans leurs habitudes culinaires.
Lors de mes déambulations urbaines j’ai pu observer plusieurs choses qui m’intriguent. Pourquoi ces files interminables devant les banques, pourquoi les trottoirs sont-ils si haut, pourquoi les fruits des marchés sont-ils présentés en petites pyramides.
Mes mollets ont enfin retrouvé leur look d’avant l’épisode fourmis. Ils avaient pris un aspect de poteau en raison de l’œdème et l’inflammation a mis du temps à se résorber. Aujourd’hui le léger œdème de la journée se dissipe lors de la nuit et les traces de morsures ne sont plus qu’un mauvais souvenir.
Ramènes ta fraise .... en nous ramenant des mangues mandarines et chocolat :-)
RépondreSupprimerJ'aurais quand même bien voulu te voir avec cette doudoune dorée... :-)
RépondreSupprimerEt ne te fais pas remarquer par les zapatistes car je crains que ce ne soit pas des petits comiques !
A bientôt pour la suite...
Bonjour Philippe, je viens de lire et relire les récits précédents, on croirait t'accompagner sans avoir "des fourmis dans les jambes", quant à la douche, elle est certainement plus chaude qu'ici bien que...bien que... Bonne continuation de voyage et comme disait Tournesol, toujours plus à l'Ouest.
RépondreSupprimerAmitiés.