Je quitte le Chiapas pour Oaxaca, la capitale du mezcal. Il y a du soleil, ce n’est pas pour autant qu’il fait plus chaud, on est à plus de 1500 mètres d’altitude, la ville est entourée de sommets verdoyants. Sur l’un d’eux ; le site de Monte Alban, cité état zapotèque dont l’apogée se situe entre 200 et 700 de notre ère. On y trouve les classiques temples pyramides, une agora démesurée, les jeux de pelotes et un « observatoire » qui permettait de prévoir le temps des semailles et des récoltes.
Les fouilles ont permis de mettre à jour un splendide masque en or et des crânes recouverts de plaquettes de jade. Le tout est exposé au musée d’archéologie de Oaxaca, malheureusement fermé en ce moment
comme tant d’autres en raison de la pandémie. Il se dégage de ce site une sorte d’équilibre et de majesté qui en fait mon site Maya préféré
Mon hostel est situé dans le centre historique de la ville. Il est aménagé dans une maison coloniale : une grande porte entourée de deux fenêtres donne sur un patio où glougloute une fontaine encombrée de plantes aquatiques et où résident plusieurs tortues. Le lieu est tenu par Maria qui ne pipe pas un mot d’anglais mais gère l’auberge avec efficacité. Elle est secondée par trois chats, noir à longs poils, roux et mélangé. Les hôtes… aussi différents que les chats il y a l’allemand qui parle fort énumérant ses exploits de surf à Puerto Escondido*, les hollandaises
qui gloussent pour on ne sait quelle raison, deux finnoises qui ne parlent ni ne comprennent l’espagnol mais ont booké un mois à Mazunte*. Le Finnois je ne sais pas si vous le savez est une langue éminemment pénible à entendre à la longue. Et elles étaient particulièrement bavardes. Les lits superposés étaient branlants le moindre soubresaut d’un des occupant était ressenti par le voisin du dessous. La cuisine, comme les précédentes, était sur-occupée et les douches, dans un souci de convivialité sans doute, étaient chacune prévue pour deux. Des douches jumelles en quelque sorte ; ou comme on dit ici « compartidas » (partagées)
(* Plages réputées pour le surf)
Oaxaca est connue pour la diversité et la qualité de sa cuisine. Une spécialité est le mole (prononcez molé) une sauce à base de cacao. Pour ma part je ne suis pas très sucré-salé, mais alors là, je déteste. De plus les tacos dont je me régale en général sont roulés et frits. Je n’ai pas retrouvé les petits restaus sur roue auxquels j’étais habitué. Par contre les deux marchés couverts débordent d’épices, de légumes, de viande, et de petits restaus (enfin) où l’on mange très bien. Attention pourtant les menus sont présentés mi texte, mi photos. Dieu sait pourquoi les photos ne représentent pas le plat qu’elles sont censées représenter, il y a un décalage. En plus ce que l’on appelle tortas ici s’appelle gringas ailleurs, les sopas sont des caldos etc. On trouve aussi des boutiques de mezcal ; il y en a pour tous les goûts pour toutes les bourses. Mais cher quand même. Cher en raison de son mode de production. Comme la tequila, le mezcal est élaboré à base d’agave. La différence étant que la tequila est faite avec des agaves bleues et le mezcal avec de agaves sauvages certaines même sylvestre Il y a 150 variétés d’agaves différentes et donc autant de mezcals différents. Les agaves sont coupées à majorité, on coupe de feuilles ne reste que le cœur de l’agave qui ressemble alors à un gros ananas d’où le nom : piña. Cette piña est ensuite cuite pendant plusieurs jours puis broyée. On distille le jus qui en sort après fermentation spontanée ensuite on peut la laisser vieillir plus ou moins longtemps.
Si le cacao est cultivé dans le Chiapas, il est transformé à Oaxaca. Les marchés sont entourés de magasins de chocolat les fèves sont broyées devant vous et vous pouvez voir le chocolat couler bien noir. L’odeur qui s’en dégage rappelle les environs de la gare du midi quand « Cote d’or » y fabriquait encore le vrai chocolat belge. A la demande vous pouvez demander qu’on y incorpore du sucre, des amandes, de la cannelle ou même du sel ! Sans sucre, c’est un peu brut. Ces magasins proposent le chocolat à des prix qui font rêver J’ai payé 50 cent pour 250 grammes
Autour des marchés plein d’échoppes de réparateurs de smartphones, de vêtements, de bijoux, de matériel scolaire, de cd de films, de clefs USB de musique
Déambuler dans Oaxaca est très agréable et permet de découvrir d’innombrables églises, des alignements de maisons coloniales dont les portes sont remarquables. Les monuments importants et officiels sont faits d’une pierre très résistante un peu verdâtre ainsi la cathédrale qui avoisine le zocalo. Le Zocalo où l’on joue de la musique tous les soirs est le siège des manifestants la journée. On y voit des femmes toutes de rouge vêtues réclamant la justice pour leur enfant disparu. Tout cela en silence, le nom des disparus se retrouve sur des calicots et aussi sur des croix blanches alignées comme dans un cimetière. Tout cela se déroule dans le calme sous le regard assez indifférent de la police lourdement armée (comme partout ailleurs) et au milieu des boutiques de souvenirs pour touristes.
A Oaxaca comme à San Cristobal les murs sont le siège de la parole populaire. On y réclame plus d’égalité sociale, la justice pour les « disparus » parfois un poème, un slogan
Pas loin de Oaxaca, il y a un site que je ne voulais pas manquer. Hierve el agua latéralement : l’eau qui bout.
Il s’agit de cascades pétrifiées car l’eau des sources qui l’alimentent est saturée en minéraux qui se sont accumulés au fil des siècles. Le site est impressionnant. Il fait l’objet de rivalité entre communautés chacune en revendiquant la propriété. Par conséquent, jusqu’à il y a peu, le site était inaccessible, les communautés en bloquant l’accès. Mais les organisateurs d’excursion touristiques ont trouvé la parade, Un chemin, une route de terre et de caillasses serpentant au flanc des montagnes. Le trajet dure trois heures. J’étais dans le minibus côté précipice. Parfois le véhicule était tellement près du bord qu’on ne le voyait plus mais on entendait les cailloux ricocher dans le vide. Arrivés sur place une dizaine de bus nous avaient précédés, le guide nous annonce que nous avons une heure pour visiter. Une heure c’est un peu court car le soleil est bien en face. Alors pour les photos, faut trouver le bon angle et crapahuter parmi les cactus. Je n’ai pas vu l’heure passer et me suis enquis de mon minibus qui semblait avoir disparu.
Après quelques minutes d’une relative inquiétude, j’ai retrouvé le chauffeur et le guide qui mangeaient et buvaient de la bière. Tous les chauffeurs étaient réunis là-bas. L’ambiance était joyeuse les guides sont passés au mezcal, pas les chauffeurs. Ça a été une belle occasion d’améliorer mon espagnol.
Mon itinéraire prévoyait ma prochaine étape à Puebla mais mon anniversaire approche et Zipolite n’est pas loin alors je vais me faire un petit plaisir et passer une bonne semaine là-bas.
A la demande générale : moi en doudoune
Conversation sur le Zocalo |
Mezcaleria |
Église près de Mitla |
Le marché Benito Juarez |
Dans le marché du 20 Novembre Quartier boucherie et grillades |