21 janvier 2022

0axaca

 


Je quitte le Chiapas pour Oaxaca, la capitale du mezcal. Il y a du soleil, ce n’est pas pour autant qu’il fait plus chaud, on est à plus de 1500 mètres d’altitude, la ville est entourée de sommets verdoyants. Sur l’un d’eux ; le site de Monte Alban, cité état zapotèque dont l’apogée se situe entre 200 et 700 de notre ère. On y trouve les classiques temples pyramides, une agora démesurée, les jeux de pelotes et un « observatoire » qui permettait de prévoir le temps des semailles et des récoltes.

Les fouilles ont permis de mettre à jour un splendide masque en or et des crânes recouverts de plaquettes de jade. Le tout est exposé au musée d’archéologie de Oaxaca, malheureusement fermé en ce moment
comme tant d’autres en raison de la pandémie. Il se dégage de ce site une sorte d’équilibre et de majesté qui en fait mon site Maya préféré


Mon hostel est situé dans le centre historique de la ville. Il est aménagé dans une maison coloniale : une grande porte entourée de deux fenêtres donne sur un patio où glougloute une fontaine encombrée de plantes aquatiques et où résident plusieurs tortues. Le lieu est tenu par Maria qui ne pipe pas un mot d’anglais mais gère l’auberge avec efficacité. Elle est secondée par trois chats, noir à longs poils, roux et mélangé. Les hôtes… aussi différents que les chats il y a l’allemand qui parle fort énumérant ses exploits de surf à Puerto Escondido*, les hollandaises

qui gloussent pour on ne sait quelle raison, deux finnoises qui ne parlent ni ne comprennent l’espagnol mais ont booké un mois à Mazunte*. Le Finnois je ne sais pas si vous le savez est une langue éminemment pénible à entendre à la longue. Et elles étaient particulièrement bavardes. Les lits superposés étaient branlants le moindre soubresaut d’un des occupant était ressenti par le voisin du dessous. La cuisine, comme les précédentes, était sur-occupée et les douches, dans un souci de convivialité sans doute, étaient chacune prévue pour deux. Des douches jumelles en quelque sorte ; ou comme on dit ici « compartidas » (partagées)

(* Plages réputées pour le surf)


Oaxaca est connue pour la diversité et la qualité de sa cuisine. Une spécialité est le mole (prononcez molé) une sauce à base de cacao. Pour ma part je ne suis pas très sucré-salé, mais alors là, je déteste. De plus les tacos dont je me régale en général sont roulés et frits. Je n’ai pas retrouvé les petits restaus sur roue auxquels j’étais habitué. Par contre les deux marchés couverts débordent d’épices, de légumes, de viande, et de petits restaus (enfin) où l’on mange très bien. Attention pourtant les menus sont présentés mi texte, mi photos. Dieu sait pourquoi les photos ne représentent pas le plat qu’elles sont censées représenter, il y a un décalage. En plus ce que l’on appelle tortas ici s’appelle gringas ailleurs, les sopas sont des caldos etc. On trouve aussi des boutiques de mezcal ; il y en a pour tous les goûts pour toutes les bourses. Mais cher quand même. Cher en raison de son mode de production. Comme la tequila, le mezcal est élaboré à base d’agave. La différence étant que la tequila est faite avec des agaves bleues et le mezcal avec de agaves sauvages certaines même sylvestre Il y a 150 variétés d’agaves différentes et donc autant de mezcals différents. Les agaves sont coupées à majorité, on coupe de feuilles ne reste que le cœur de l’agave qui ressemble alors à un gros ananas d’où le nom : piña. Cette piña est ensuite cuite pendant plusieurs jours puis broyée. On distille le jus qui en sort après fermentation spontanée ensuite on peut la laisser vieillir plus ou moins longtemps.


Si le cacao est cultivé dans le Chiapas, il est transformé à Oaxaca. Les marchés sont entourés de magasins de chocolat les fèves sont broyées devant vous et vous pouvez voir le chocolat couler bien noir. L’odeur qui s’en dégage rappelle les environs de la gare du midi quand « Cote d’or » y fabriquait encore le vrai chocolat belge. A la demande vous pouvez demander qu’on y incorpore du sucre, des amandes, de la cannelle ou même du sel ! Sans sucre, c’est un peu brut. Ces magasins proposent le chocolat à des prix qui font rêver J’ai payé 50 cent pour 250 grammes

Autour des marchés plein d’échoppes de réparateurs de smartphones, de vêtements, de bijoux, de matériel scolaire, de cd de films, de clefs USB de musique


Déambuler dans Oaxaca est très agréable et permet de découvrir d’innombrables églises, des alignements de maisons coloniales dont les portes sont remarquables. Les monuments importants et officiels sont faits d’une pierre très résistante un peu verdâtre ainsi la cathédrale qui avoisine le zocalo. Le Zocalo où l’on joue de la musique tous les soirs est le siège des manifestants la journée. On y voit des femmes toutes de rouge vêtues réclamant la justice pour leur enfant disparu. Tout cela en silence, le nom des disparus se retrouve sur des calicots et aussi sur des croix blanches alignées comme dans un cimetière. Tout cela se déroule dans le calme sous le regard assez indifférent de la police lourdement armée (comme partout ailleurs) et au milieu des boutiques de souvenirs pour touristes.

A Oaxaca comme à San Cristobal les murs sont le siège de la parole populaire. On y réclame plus d’égalité sociale, la justice pour les « disparus » parfois un poème, un slogan

Pas loin de Oaxaca, il y a un site que je ne voulais pas manquer. Hierve el agua latéralement : l’eau qui bout.


Il s’agit de cascades pétrifiées car l’eau des sources qui l’alimentent est saturée en minéraux qui se sont accumulés au fil des siècles. Le site est impressionnant. Il fait l’objet de rivalité entre communautés chacune en revendiquant la propriété. Par conséquent, jusqu’à il y a peu, le site était inaccessible, les communautés en bloquant l’accès. Mais les organisateurs d’excursion touristiques ont trouvé la parade, Un chemin, une route de terre et de caillasses serpentant au flanc des montagnes. Le trajet dure trois heures. J’étais dans le minibus côté précipice. Parfois le véhicule était tellement près du bord qu’on ne le voyait plus mais on entendait les cailloux ricocher dans le vide. Arrivés sur place une dizaine de bus nous avaient précédés, le guide nous annonce que nous avons une heure pour visiter. Une heure c’est un peu court car le soleil est bien en face. Alors pour les photos, faut trouver le bon angle et crapahuter parmi les cactus. Je n’ai pas vu l’heure passer et me suis enquis de mon minibus qui semblait avoir disparu.

Après quelques minutes d’une relative inquiétude, j’ai retrouvé le chauffeur et le guide qui mangeaient et buvaient de la bière. Tous les chauffeurs étaient réunis là-bas. L’ambiance était joyeuse les guides sont passés au mezcal, pas les chauffeurs. Ça a été une belle occasion d’améliorer mon espagnol.

Mon itinéraire prévoyait ma prochaine étape à Puebla mais mon anniversaire approche et Zipolite n’est pas loin alors je vais me faire un petit plaisir et passer une bonne semaine là-bas.

 

A la demande générale : moi en doudoune

Conversation sur le Zocalo

Mezcaleria

Église près de Mitla





Le marché Benito Juarez


 Dans le marché du 20 Novembre Quartier boucherie et grillades


15 janvier 2022

San Cristobal de las Casas




La route depuis Palenque se fait toujours en deux étapes. 1er arrêt à Ocosingo, on change de minibus puis on repart vers San Cristobal de las Casas. En théorie ; car la route est depuis longtemps aux mains des Zapatistes qui bloquent l’accès la route à cinq kilomètres d’Ocosingo. Les passagers descendent et font les derniers kilomètres à pied jusqu’à la station de collectivos pour San Cristobal. D’où l’intérêt de voyager léger. Les zapatistes sont un peu les gilets jaunes du Chiapas. Il s’agit d’un groupe armé qui s’insurgent contre l’accord de libre-échange nord-américain. C’est un groupe de gauche altermondialiste qui proteste contre la main mise d’une minorité de propriétaires terriens et les inégalités sociales qui en découlent. Le mouvement né en 1994 manifeste avec plus ou moins de violence. Violemment réprimé il y a peu, il n’a pourtant jamais cessé d’exister.


Dès l’arrivée à San Cristobal on se rend compte qu’on est à 2200 mètre d’altitude. La température plafonne à 10° degré la nuit ça descend à 5. Ma première quête est donc de m’acheter de quoi me réchauffer j’ai beau bénir ma petite veste Décathlon, elle ne suffit pas. Une majorité de touristes achètent des sweater en laine du coin, mais ils sont tissés tellement large que le vent passe à travers. J’ai opté comme la plupart des Sancritobalenses pour une doudoune dorée que je remplis bien.

San Cristobal fut fondée par les espagnols en 1528 sous le nom de Villa Real de Chiapa. Elle fut rebaptisée du nom d’un évêque qui protégeait les indiens des abus des espagnols. Parmi les premières villes du Mexique, elle devint vite la capitale de la région, alors gouvernée par les espagnols depuis le Guatemala.


On est très vite charmé par les ruelles de pavés centenaires inégaux, où les voitures ne peuvent se croiser, les maisons basses aux toits de tuiles. Bien qu’en altitude la ville est entourée de sommets boisés. La ville est très animée, les touristes croisent des hordes de petites femmes Tzotiles en costume traditionnel chargées de tissus colorés ou de ceintures qu’elles tentent d’écouler. Les dessins de leurs vêtements sont caractéristiques de leur village d’origine. Certaines portent une jupe qui ressemble à la cape des gardiens du mur de Games of Thrones. C’est sûr que ça doit tenir chaud.



San Cristobal s’est approprié un tourisme « baba-cool hippie-new-age » Partout on voit fleurir des échoppes vegans (ici on dit naturiste), on propose des massages mayas, des cours de langue, des séances de relaxation, de fumigation, de yoga bien sûr. Dans la rue on croise de petits groupes de jeunes arborant des dreadlocks à la propreté douteuse, vêtus de haillons. Le soir ils sont affalés sur le trottoir, ils vendent des bijoux ou font de la musique. Toute une faune échappée d’un système auquel ils croient avoir renoncé. Ils se regroupent dans la rue touristique la « promenade Guadalupe »


Il y a pourtant bien d’autres lieux à explorer à San Cristobal  Le marché par exemple où, en sus des boucheries dont l’odeur ferait fuir le plus carnivore de touristes, sont regroupées les poissonneries, les échoppes d’épices dont la plupart me sont tout à fait inconnues, les étals de légumes, et surtout les monceaux de fruits. En ce mois de janvier on trouve de pèches, des ananas, des raisins, des mandarines des oranges, des mangues, des fraises, Le tout disposé en petits tas et vendu à un prix ridicule. Ce marché est tenu par les mêmes tzotziles en robe traditionnelle. Le marché grouille de monde qui se croise et s’entrecroise. Pas loin de là, il y a les « pharmacies » traditionnelles, des herboristeries, qui font l’article à renfort de haut-parleur. Les photographes ne sont pas les bienvenus dans cet endroit. Autour du marché circulent les collectivos en provenance des villages voisins et les combis qui permettent de circuler dans la ville. Cà et là on vend des vêtements, du tissus des écouteurs, des ceintures, Et bien sûr on n’échappe pas aux petits food-trucks où on peut manger la base du fast-food mexicain : les tacos.



Le marché n’est pas loin de celui de l’artisanat. Encore plus coloré tenu par les mêmes petites bonnes femmes. Là ce sont des tissus, des couvertures, des chemises et des bijoux qui font tous envie Celui-là est au pied de l’église Santo Domigo la plus outrancièrement décorée de style plateresque. Des églises à San Cristobal, on n’en manque pas, mais la plus imposante est certes la cathédrale. Elle domine l’imposante place de la paix et est posée juste à côté du Zocalo qui ne paye pas de mine. San Cristobal regorge d’églises toutes différentes De petits coins mignons de petits et grand escaliers au sommet desquels, quand le ciel le permet, d’admirer la ville d’en haut. Une ballade qui se mérite.

Bref se promener dans San Cristobal est un plaisir des yeux sans cesse renouvelé.

Le Chiapas est une région productrice de cacao, et de café, aussi au gré des balades urbaines, on peut déguster les meilleurs expressi et les meilleurs chocolats chauds Les grains de chocolats sont moulus devant vous et les saveurs explosent dans sur la langue. Un seul inconvénient : comme le café turc, il reste des poussières de cacao au fond de la tasse. Vous l’aurez compris, c’est pas du Nesquik.

Eglise San Juan de Chamoula

La région du Chiapas est très fière de ses origines Mayas, 13% des autochtones ne parlent pas espagnol. Les traditions Mayas ont la vie rude. Certains villages notamment ont intégré au catholicisme leurs traditions animistes. C’est le cas pour Chamoula à 20 km de San Cristobal, Dans l’église ‘d’apparence normale, se pratiquent d’étrange rituels Dans l’église pas de christ, il est remplacé par saint Jean Baptiste, pas de chaises, pas d’autel, le sol est jonché de longues aiguilles de pin. L’église est éclairée par d’innombrables bougies amoncelées sur les bas-côtés. Dans la nef, de petits groupes de fidèles sont agenouillés devant une centaine de petites bougies, alignées sur plusieurs rangs, qu’ils allument et éteignent. Un Chamane psalmodie d’un ton mono corde faisant penser à une cérémonie tibétaine devant lui de petites fioles en céramique, une bouteille de Pox (alcool de maïs) et une de Coca. Le chœur où trône Saint Jean Baptiste est littéralement couvert de bougies dont la vigueur flammes est entretenue par un officiant, les fidèles gardent, pour la plupart, le regard rivé à leur smartphone. Les touristes sont tolérés mais pas les photographes.


La cuisine mexicaine est mondialement renommée, San Cristobal offre un bel échantillon de cette diversité. Malheureusement la plupart des restaurants sacrifient l’aspect culturel à la demande touristique. Il faut donc un peu chercher pour échapper aux hamburgers, spaghettis et pizzas. La plupart des touristes s’abreuvent de Corona, de Heineken alors que le Mexique produit bon nombre de très bonnes bières. Voilà un aspect des touristes que je ne comprends pas. Ils font des milliers de kilomètres pour découvrir une autre culture mais se réfugient bien vite dans leurs habitudes culinaires.

Lors de mes déambulations urbaines j’ai pu observer plusieurs choses qui m’intriguent. Pourquoi ces files interminables devant les banques, pourquoi les trottoirs sont-ils si haut, pourquoi les fruits des marchés sont-ils présentés en petites pyramides.



Mes mollets ont enfin retrouvé leur look d’avant l’épisode fourmis. Ils avaient pris un aspect de poteau en raison de l’œdème et l’inflammation a mis du temps à se résorber. Aujourd’hui le léger œdème de la journée se dissipe lors de la nuit et les traces de morsures ne sont plus qu’un mauvais souvenir.



Ma prochaine étape sera Oaxaca, la capitale du Mezcal




Puerto Vallarta

J’avais décidé de faire un trajet de nuit, surtout pour profiter des derniers moments à Maruata. Je me préparais donc à trois correspondan...