
C’est en surfant sur Google Earth que j’ai découvert ce
petit village sur la côte du Michoacán dont l’attraction principale est un pic
rocheux intitulé « El dedo de dio ».
Ni le guide du routard, ni le Lonely planet ne le mentionnait et encore moins
le moyen de rejoindre le village. Pas d’hôtel non plus dans mes applications de
voyage. Finalement j’ai trouvé un bus qui m’y a amené. Un omni-bus car il s’est arrêté à tous les villages qui jalonnait les
200 kilomètres de route qui séparait Manzanillo de Maruata. Le bus était hors
d’âge, les sièges n’avaient plus que des ressorts. Les vibrations étaient
telles que les fenêtres s’ouvraient toutes seules faisant entrer des bouffées
d’air chaud et la poussière de la route. Le chauffeur disposait d’un bras de
levier pour ouvrir la porte et un autre pour le coffre. Au fur et à mesure du
trajet, le bus se remplit car peu de gens descendaient. La majorité des
voyageurs paraissaient se connaître et échangeaient assez bruyamment, la moitié
d’entre eux étaient debout et faisaient preuve d’un remarquable équilibre. Car la
route avait perdu son revêtement depuis bien longtemps et les « topes » ne manquaient pas. Cette
route longeait la côte dévoilant plages sur plages et un océan assez agité. De
temps en temps un chemin de terre sèche annonçait un village. Entre les
villages soit des plages, soit des cactus gigantesques. Je suivais l’avancement
du trajet sur mon smartphone.
Le bus s’arrêta enfin dévoilant une station
d’essence sur la route déserte. Et c’est à travers la poussière soulevée par le
démarrage du bus que je vis un petit chemin descendant vers Maruata. Pour un
peu je me serais cru à « Bagdad café »
Il était quatre heure, le village paraissait déserté de ses
habitants, de temps en temps une ombre furtive traversait la route passant
d’une habitation à une autre. Sur de nombreuses maisons un panneau :
« Se renta cuartos »
(chambre à louer) mais la porte était close. Tout au bout du village, quasi sur
la plage il y avait un peu plus de vie et à côté d’une petite échoppe la même
indication C’est alors qu’enfin quelqu’un se manifesta et que je pus
m’installer dans une magnifique petite chambre située à l’étage et dont la
fenêtre ouvrait dur l’océan. Une douche un lit une table une chaise. Que
demander de plus ? . . Internet, du réseau ! Car oui là-bas, pas de réseau, pas d’internet ; la
proprio avait une carte mais je ne pouvais pas en abuser. Dans ma rue les
gamins jouaient, les femmes préparaient des tortillas sur le four en boue
séchée qui décorait le devant de chaque habitation. Ces habitations étaient
ouvertes sur la rue ; pas de porte
ni de façade avant. Rien que des hamacs où somnolaient les époux, une canette à
la main.

Ma première promenade fut pour la plage. Deux kilomètres et
demi de sable blanc. Une plage à tortue. Le côté vague très pentu en raison de la
force l’océan, un petit sommet puis l’autre pente, toujours sèche, parsemée de
creux d’où étaient sorties les petites tortues à peine nées. Çà et là un
cadavre de mini-tortue, de nombreuses coquilles vides et des vautours à tête
rouge qui digéraient leur repas du matin. Pas un habitant, pas un touriste, pas
un pêcheur rien que moi et l’étendue de sable blanc bordé par une mer tellement
violente que je n’y risquerais pas un pied. Le blanc du sable est contaminé par
des trainées noire qui se révèle être des particules de pierre métallique
broyée par les vagues. Elles qui sont donc attirées par les aimants. Pas de
pollution au mazout donc.
Dans le village, il y a aussi de nombreuses banderoles
indiquant : « Restaurant » et affichant d’appétissants menus.
Mais ils sont tous fermés « no
servicio » Ils ferment en général à 17 heure !! Mais ces jours-ci,
ils se préparent à la fête du saint patron du village : « San Jose »
Heureusement, sur la place, un type fait fortune avec ses tacos. Il n’a aucune
concurrence. Vous l’aurez compris Maruata est un village tranquille. Les
commerces sont ouverts mais les commerçants habitent en face. Quand vous vous
arrêtez devant une épicerie, vous voyez débouler la fillette de la maison d’en
face pour vous servir. Il n’y a pas beaucoup de circulation à Maruata. Très peu
de voitures, un peu de vélos, mais plus de jeunes à moto que l’on voit passer
et repasser. On se demande où ils vont. Pourtant les rues sont toutes bien
bétonnées et entretenues par les riverains. L’activité principale des
« maruratains » est le balayage du sable de la rue, la seconde est le
ratissage du sable entres les habitations car l’espace entre les habitations
est fait de claies à hauteur d’homme où on peut de reposer à l’abri du soleil

Un rio sépare le village en deux et une grosse colline rocheuse
sépare le reste en deux encore chacune des trois zones bénéficie d’une plage.
Les vagues sont assez puissance pour décourager toute baignade autre que
sportive. L’océan ne se calme que le soir, alors les jeunes du cru s’exercent
au surf. Toute la journée les pélicans longent les rouleaux avant d’y plonger pour
se nourrir. Je ne peux voir un pélican sans penser au poème d’Alfred de Musset (quelle
imagination cet Alfred).
C’est en grimpant sur un des rocher qu’on peut
observer le doigt de dieu. Un piton rocheux battu par les vagues, pointant son
épine particulièrement acérée vers le ciel. C’est l’attraction touristique du
lieu et pourtant pas d’indication pas de pancarte, pas de balisage. Maruata est
décidément une énigme.
L’une des plages est annoncée « Zona de camping »
par un panneau, pas beaucoup de différence avec les autres seule une cabane où
on vend des « cervezas frias »
à des prix défiant toute concurrence. Car tout est incroyablement bon marché à
Maruata sauf le logement mais peut-on qualifier de cher une chambre avec douche
pour 22 € la nuit.
Au fil de mes balades j’ai fini par trouver quelqu’un qui m’a
proposé un repas chaud vers 16h non pas un poisson, il n’y en avait pas, mais
des crevettes à la diable. A la table voisine le mari de la cuisinière se
roulait un joint dont il tirait les ingrédients d’une jarre pleine faisant au
moins dix litre. Car je crois que c’est la troisième occupation ici. D’ailleurs
il règne partout une odeur douceâtre d’herbe bleue. Fumer de la marijuana est
officiellement un délit au Mexique mais pratiquement tout le monde fume sans se
cacher, en public au restau, en bus, dans les parcs
Je n’ai finalement pas assisté à la fête de San José, j’aurais
dû prolonger mon séjour de près d’une semaine. Mais je sens que je vais
regretter l’endroit. C’est la nuit que je prends le bus retour dans les mêmes
conditions qu’à l’aller mais en beaucoup plus froid, j’étais littéralement gelé
au cours des trois étapes vers Puerto Vallarta
Salut Philippe,
RépondreSupprimerpas à dire c'est toujours aussi passionnant de suivre tes exploits de "globe-trotteur", tu te fatigues à notre place mais tu as l'immense satisfaction de tester les plats locaux et les odeurs sans compter le bonheur de vivre dans le luxe dont tu nous décris si bien le charme...au plaisir de lire l'épisode suivant. Bonne route.
Charles.
Question fréquentation c'est pas Acapulco ni Mexico ! Enfin maintenant je sais ce qu'est le Doigt de Dieu ;-)) je dormirai mieux après avoir comblé cette lacune dans ma culture. La suite au prochain numéro...
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