24 mars 2022

Puerto Vallarta



J’avais décidé de faire un trajet de nuit, surtout pour profiter des derniers moments à Maruata. Je me préparais donc à trois correspondances jusqu’à Puerto Vallarta et de longues attentes dans les terminaux de bus. La nuit était fraiche. Et les correspondances se sont succédées plus vite que prévu. J’ai donc booké une hostel pas cher depuis le bus. Je suis arrivé à destination peu après 3h du matin. L’hostel n’avait pas de réception seul un digicode en permettait l’ouverture de la porte. Mon smartphone m’indiqua alors d’un message de l’hostel me notifiant qu’il s’agissait d’hostel « Gay Only » dont l’accès était réservé aux voyageurs homosexuels de moins de 35 ans mais que je serais remboursé de mes frais. J’ai donc booké l’hostel suivant dans la liste de mon application. Il faisait toujours très frais et la ville s’éveillait peine. C’est au bout de quelques kilomètres, mon sac sur le dos, que je suis arrivé à l’ « Enjoy Vallarta Hostel »

Hostel Enjoy Vallarta

Après quelques palabres, l’hôtesse m’a orienté vers un lit où je me suis écroulé. Je me suis réveillé dans ce qui avait l’air d’une remise où se trouvaient les serpillères, balais et autres produits d’entretien. Il était près de 10 heures, ma chambre n’était pas encore prête. J’avais réservé une chambre particulière avec douche privée et accès à Internet et la direction contactée par téléphone n’avait pas trace de ma réservation. Réflexion faite le prix tellement bas de la location aurait dû me mettre la puce à l’oreille. J’étais tombé dans un trou à rat. Les murs n’étaient pas peints ou si peu, le sol était recouvert d’une moquette éculée et maculée de taches peu ragoûtantes, des cloisons de triplex délimitaient les chambres. Le système électrique de chauffage de l’eau des douches aurait fait se retourner Claude François dans sa tombe. Et je ne vous décris pas les toilettes. Mais les deux femmes de l’accueil étaient charmantes, peut être même un peu trop pressantes.


Puerto Vallarta est avant tout une station balnéaire. Un lieu de vacances pour le public américain moyen. C’est à dire pas la crème. Presque tous obèses, les hommes en bermudas, les femmes en mini short serrés mettant en évidence des cuisses volumineuses qui tremblent à chaque pas. Ils parlent fort, et se comportent en conquérants, c’est un peu Blankenberge. Ici les prix sont affichés en dollars et en pesos. Les canadiens sont aussi bien représentés. Ce sont les touristes du troisième âge, on voit beaucoup de déambulateurs. Il y en a de plus jeunes qui marchent d’un pas ferme portant un fauteuil de plage pliant en sac à dos. Tout est fait pour consommer, l’artisanat de pacotille décore les rues du bord de plage. Puerto Vallarta est aussi un haut lieu du tourisme gay américain si bien qu’un quartier entier leur est réservé.


La ville s’étend sur près de 13 kilomètres. Au nord, la ville neuve comportant Marina, Wallmart, Aéroport, des hôtels de luxe, des casinos et le terminal central d’autobus. La partie centrale bordée d’hôtels, de restaus et de boutiques est le lieu de promenade sur le Malecon. Celui-ci borde l’océan et les nombreuses plages où viennent mourir mollement les vagues mousseuses d’algues vertes. Au sud, la vieille ville ou « zona romantica » c’est la partie de la ville qui s’éveille la nuit bars, boîtes, discothèques et restaurants. Puerto est reconnue pour ses Margaritas démesurées. Plus au sud encore des plages pour la plupart bordées de complexes hôteliers. L’architecture se démarque de tout ce que j’ai vu jusqu’à présent au Mexique. Ici pas de rues en damiers, pas de petites maisons coloniales, pas de site archéologique. Certaines façades optent plutôt pour des airs d’haciendas de pacotille. Les toits sont soit recouverts de tuiles romaines soit plats et alors reconvertis en terrasses et lieux de séjour. Il est assez agréable de flâner sur le Malecon. Se laisser tenter par une énorme margarita, suivre le flot des touristes, regarder les sculptures des sable, les parapentes, écouter le bla-bla des vendeurs de téquila, observer les bonimenteurs ou les statues vivante. J’ai même goûté au : « tuba » très à la mode ici. Il s’agit d’une boisson fermentée à base de la sève de l’inflorescence de palme de cocotier. Originaire des Philippines, elle est servie fraiche avec un concassé de noix. C’est très rafraichissant. En fait il me semble que c’est l’équivalent philippin du « tembo » apprécié aux Comores. Il est intéressant de constater la quasi homonymie de ces boissons, Les Philippins auraient-ils été faire un tour aux Comores ?

Isla Marietas Playa Secreta

En incluant Puerto Vallarta dans mon itinéraire, je voulais voir la « playa secreta » des îles Marietas. Cette plage classée 9ème parmi les 50 plus belles plages du monde est bien sûr proposée par toutes les petites agences d’excursion qui pullulent sur le Malecon. Toutes incluent les îles Marietas dans leurs excursions. Les prix varient de 800 pesos à 4.000 pesos. Renseignement pris, les autorités voulant préserver le site, limitent le nombre de visiteurs. On peut donc s’approcher, mais pas y aller et si on débarque, en y mettant le prix, le temps est limité lui aussi. Aborder la plage coûte bien plus que 4.000 pesos et implique un petit trajet en nageant (donc pas de photo) J’ai renoncé. Alors j’ai pensé aux baleines qui sont également les vedettes des « tours organiser »  Mais elles sont déjà retournées vers le nord. Pas de bol donc J’arrive toujours un peu tard ou un peu trop tôt pour voir les activités phares. Trop tard pour la Fête des morts, trop tôt pour les flamants, au mauvais endroit pour Noël ou pour le Mercredi des cendres, juste à temps pour les monarques, et là, je cours derrière les baleines.

Au bout de trois jours j’ai changé d’auberge. Et je suis tombé sur LE bijou.

Hostel Vallarta - le roof top

Un endroit accueillant, des gens sympas, un lieu coloré, une ambiance internationale, un roof top au top. Des activités tous les soirs. Un endroit où on se sent bien, des lits confortables avec un rideau pour un peu d’intimité, des douches chaudes et généreuses. Et du Wifi. Le rêve de tous voyageurs. Un soir on jouait à une espèce de « Trivial Pursuit », la partie était bien engagée quand un couple de hollandais nous a rejoint sur la terrasse brandissant une énorme bouteille de Téquila, nous racontant qu’ils l’avaient achetée 300 pesos à la pharmacie d’en bas. Je crois vous l’avoir déjà dit on trouve de tout dans les pharmacies d’ici. Sauf des cigarettes. Des pharmacies il y en a autant que de petits « Oxxo » (petit dépanneur vendant surtout chips, bière et coca) toutes ont un ou une rabatteuse en blouse blanche qui accroche le passant comme s’il vendait des bonbons. Ils te glissent la carte du magasin en ventant le « pack voyage » qui comporte antidouleur, anti-diarrhée anti-inflammatoire et Viagra.


Je crois avoir fait le tour de Puerto, j’ai déambulé sur le Malecon de la playa de Oro à la playa des los Muertos, en poussant jusqu’à playa de Palmares au sud et la Punta Mita au nord. Je me suis gavé de Camarones et de Margaritas, je me suis risqué dans les bars gays. Il est temps pour moi de monter vers le nord : Mazatlan.




Hostel Vallarta Pièce de détente















 

17 mars 2022

Maruata et le Doigt de Dieu

 

C’est en surfant sur Google Earth que j’ai découvert ce petit village sur la côte du Michoacán dont l’attraction principale est un pic rocheux intitulé « El dedo de dio ». Ni le guide du routard, ni le Lonely planet ne le mentionnait et encore moins le moyen de rejoindre le village. Pas d’hôtel non plus dans mes applications de voyage. Finalement j’ai trouvé un bus qui m’y a amené. Un omni-bus car il s’est arrêté à tous les villages qui jalonnait les 200 kilomètres de route qui séparait Manzanillo de Maruata. Le bus était hors d’âge, les sièges n’avaient plus que des ressorts. Les vibrations étaient telles que les fenêtres s’ouvraient toutes seules faisant entrer des bouffées d’air chaud et la poussière de la route. Le chauffeur disposait d’un bras de levier pour ouvrir la porte et un autre pour le coffre. Au fur et à mesure du trajet, le bus se remplit car peu de gens descendaient. La majorité des voyageurs paraissaient se connaître et échangeaient assez bruyamment, la moitié d’entre eux étaient debout et faisaient preuve d’un remarquable équilibre. Car la route avait perdu son revêtement depuis bien longtemps et les « topes » ne manquaient pas. Cette route longeait la côte dévoilant plages sur plages et un océan assez agité. De temps en temps un chemin de terre sèche annonçait un village. Entre les villages soit des plages, soit des cactus gigantesques. Je suivais l’avancement du trajet sur mon smartphone.

Le bus s’arrêta enfin dévoilant une station d’essence sur la route déserte. Et c’est à travers la poussière soulevée par le démarrage du bus que je vis un petit chemin descendant vers Maruata. Pour un peu je me serais cru à « Bagdad café »

Il était quatre heure, le village paraissait déserté de ses habitants, de temps en temps une ombre furtive traversait la route passant d’une habitation à une autre. Sur de nombreuses maisons un panneau : « Se renta cuartos » (chambre à louer) mais la porte était close. Tout au bout du village, quasi sur la plage il y avait un peu plus de vie et à côté d’une petite échoppe la même indication C’est alors qu’enfin quelqu’un se manifesta et que je pus m’installer dans une magnifique petite chambre située à l’étage et dont la fenêtre ouvrait dur l’océan. Une douche un lit une table une chaise. Que demander de plus ? . . Internet, du réseau ! Car oui là-bas,  pas de réseau, pas d’internet ; la proprio avait une carte mais je ne pouvais pas en abuser. Dans ma rue les gamins jouaient, les femmes préparaient des tortillas sur le four en boue séchée qui décorait le devant de chaque habitation. Ces habitations étaient ouvertes sur la rue ;  pas de porte ni de façade avant. Rien que des hamacs où somnolaient les époux, une canette à la main.


Ma première promenade fut pour la plage. Deux kilomètres et demi de sable blanc. Une plage à tortue. Le côté vague très pentu en raison de la force l’océan, un petit sommet puis l’autre pente, toujours sèche, parsemée de creux d’où étaient sorties les petites tortues à peine nées. Çà et là un cadavre de mini-tortue, de nombreuses coquilles vides et des vautours à tête rouge qui digéraient leur repas du matin. Pas un habitant, pas un touriste, pas un pêcheur rien que moi et l’étendue de sable blanc bordé par une mer tellement violente que je n’y risquerais pas un pied. Le blanc du sable est contaminé par des trainées noire qui se révèle être des particules de pierre métallique broyée par les vagues. Elles qui sont donc attirées par les aimants. Pas de pollution au mazout donc.


Dans le village, il y a aussi de nombreuses banderoles indiquant : « Restaurant » et affichant d’appétissants menus. Mais ils sont tous fermés « no servicio » Ils ferment en général à 17 heure !! Mais ces jours-ci, ils se préparent à la fête du saint patron du village : « San Jose » Heureusement, sur la place, un type fait fortune avec ses tacos. Il n’a aucune concurrence. Vous l’aurez compris Maruata est un village tranquille. Les commerces sont ouverts mais les commerçants habitent en face. Quand vous vous arrêtez devant une épicerie, vous voyez débouler la fillette de la maison d’en face pour vous servir. Il n’y a pas beaucoup de circulation à Maruata. Très peu de voitures, un peu de vélos, mais plus de jeunes à moto que l’on voit passer et repasser. On se demande où ils vont. Pourtant les rues sont toutes bien bétonnées et entretenues par les riverains. L’activité principale des « maruratains » est le balayage du sable de la rue, la seconde est le ratissage du sable entres les habitations car l’espace entre les habitations est fait de claies à hauteur d’homme où on peut de reposer à l’abri du soleil


Un rio sépare le village en deux et une grosse colline rocheuse sépare le reste en deux encore chacune des trois zones bénéficie d’une plage. Les vagues sont assez puissance pour décourager toute baignade autre que sportive. L’océan ne se calme que le soir, alors les jeunes du cru s’exercent au surf. Toute la journée les pélicans longent les rouleaux avant d’y plonger pour se nourrir. Je ne peux voir un pélican sans penser au poème d’Alfred de Musset (quelle imagination cet Alfred).

C’est en grimpant sur un des rocher qu’on peut observer le doigt de dieu. Un piton rocheux battu par les vagues, pointant son épine particulièrement acérée vers le ciel. C’est l’attraction touristique du lieu et pourtant pas d’indication pas de pancarte, pas de balisage. Maruata est décidément une énigme.

L’une des plages est annoncée « Zona de camping » par un panneau, pas beaucoup de différence avec les autres seule une cabane où on vend des « cervezas frias » à des prix défiant toute concurrence. Car tout est incroyablement bon marché à Maruata sauf le logement mais peut-on qualifier de cher une chambre avec douche pour 22 € la nuit.


Au fil de mes balades j’ai fini par trouver quelqu’un qui m’a proposé un repas chaud vers 16h non pas un poisson, il n’y en avait pas, mais des crevettes à la diable. A la table voisine le mari de la cuisinière se roulait un joint dont il tirait les ingrédients d’une jarre pleine faisant au moins dix litre. Car je crois que c’est la troisième occupation ici. D’ailleurs il règne partout une odeur douceâtre d’herbe bleue. Fumer de la marijuana est officiellement un délit au Mexique mais pratiquement tout le monde fume sans se cacher, en public au restau, en bus, dans les parcs


Je n’ai finalement pas assisté à la fête de San José, j’aurais dû prolonger mon séjour de près d’une semaine. Mais je sens que je vais regretter l’endroit. C’est la nuit que je prends le bus retour dans les mêmes conditions qu’à l’aller mais en beaucoup plus froid, j’étais littéralement gelé au cours des trois étapes vers Puerto Vallarta


















 

Puerto Vallarta

J’avais décidé de faire un trajet de nuit, surtout pour profiter des derniers moments à Maruata. Je me préparais donc à trois correspondan...