Un petit trajet de 3h me conduit à Campeche, le premier port fondé par les espagnols lors de la conquête du Yucatan. C’est de là que partaient les produits destinés à l’Espagne. Ils furent bien sûr la proie de pirates. C’est pourquoi la ville s’est très rapidement entourée de remparts dont on peut encore voir la trace.
Le bus me dépose à cinq kilomètres de l’hostel. Ce qui me donne l’occasion d’apprécier les rues très colorées du centre-ville. Les rues, assez étroites, sont bordées de maisons coloniales très bien entretenues qui ressemblent à celle de de Valladolid. Pourvues de hautes portes de bois avec un liteau de pierre surmonté de décorations imitant un chapiteau. Les fenêtres toutes grillagées et ouvertes qui permettent l’aération car il fait très chaud. Les murs sont peint de couleurs vives ce qui donne un aspect très village de vacances. Les trottoirs sont tellement étroits qu’on se croise difficilement. Et comme certains ont près d’un mètre on y accède par de petites marches traitresses. Les monter est facile, les descendre périlleux.
L’hostel Quetzal où j’ai réservé occupe un coin. Il est en pleine réorganisation. Les lits se dotent progressivement d’un second étage afin de doubler sa capacité. Il y a deux chambres de dix lits chacune, les clients sont apparemment aussi bordéliques que moi et chaque lit est entouré de vêtements, chaussures et affaires de toilette. Il y a bien des coffres et des cadenas, mais tout le monde fait confiance L’atmosphère est très relax et comme d’habitude très polyglotte. Une sympathique hollandaise me propose, dès mon arrivée de partager le guacamole qu’elle est en train de préparer pour le repas du soir. Vers 19 heures on se retrouve donc devant une énorme casserole de guacamole.
Chacun pioche dedans à l’aide d’une espèce de chips mexicain très dur. Il y a Simone qui a cuisiné, Ben un autre hollandais, Richard un anglais qui doit avoir mon âge, il parait très grand et plutôt sec, Il parle lentement d’une voix grave. Il me fait penser à Jacques Tati. Et enfin Il y a Georges, un mexicain qui vit en Alaska. Il dit avoir 80 ans, mais en parait soixante. C’est un énergumène hyperactif qui ne tient pas en place. Pour se calmer, il se roule des joints bien épais qu’il tente de partager avec tout le monde sans succès. Il est volubile, mais mange ses mots ce qui le rend parfois incompréhensible. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir une opinion sur tout. La conversation se poursuit en anglais. D’abord sur la confusion sur les prénoms. Personnellement je ne fais jamais l’effort pour retenir les prénoms que j’oublierai forcément dans les jours qui suivent. Mais ce jour-là, on a tous pris Richard pour un Tom, ce qui l’a bien amusé. La conversation se poursuivit sur les lieux que l’on avait visités et ceux que l’on avait l’intention de voir. Comme il se doit, on a bordé le sujet du Covid. Nous étions tous vaccinés. Sauf George qui nous a déclaré que le Covid était une invention des médias. On était un peu estomaqués. Ici la population respecte les distances et le port du masque. Personne ne prend cela pour une atteinte à la liberté. Les gens se font vacciner pour se protéger et protéger les autres. La majorité des mexicains sont vaccinés sauf les enfants de moins de 5 ans. Il n’y a pas de pass-sanitaire. En fin de soirée la conversation a continué sur l’existence des extra-terrestres. Georges nous a affirmé que les extraterrestres nous ont apporté la civilisation. Comme preuve, il nous a parlé de Nasca et du lac Titicaca qui a la forme d’un jaguar. On n’est jamais à l’abri d’un moment inoubliable avec George.
Je ne sais pas pourquoi il est venu a Campeche, il est là depuis quelques mois, s’occupe parfois des réservations, gère l’occupation des lit, le changement des draps, il s’agite, et ne sort que pour acheter de l’herbe et à manger. Quand il achète des bananes, il y en a pour un régiment pour les œufs pareil pourtant il ne se nourrit que de « noodle soup ». Il ne tient pas en place, toujours l’air préoccupé. Pour tout dire il est un peu envahissant.
A une cinquantaine de kilomètres se trouvent les ruines d’Edzna. Le site est très agréable à visiter car il y a peu de monde. On y retrouve une pyramide entourée de temples. On peut y grimper et de là-haut, la vue est superbe. On domine alors l’agora, le terrain de jeu de pelote et la « casa grande » qui était réservée au peuple. Le soleil était écrasant et l’ombre des grands arbres rafraichissante.
Déambuler dans Campeche est un vrai plaisir des yeux, mais il faut garder à l’esprit la hauteur des trottoirs et l’exiguïté des marches qui permettent de traverser. Autour du Zocalo se trouvent les principaux musées de la ville dont la casa n°6 une maison de riches propriétaire conservée en l’état avec cuisine chambre et salon meublé qui laissent imaginer comment était la vie au 17 ème siècle. Entouré de colonnades, le Zocalo est, en ce moment de fêtes, encombré de stands de churros et autres chips mexicains. La cathédrale trône à l’est. Il reste un morceau de l’enceinte fortifiée au sud. Une balade sympa.
Je suis arrivé à Campeche juste avant le réveillon de nouvel an. Les journées qui ont suivi ont vidé les rues, les magasins, les restaus, le marché tout était fermé. Tout sauf les « Oxxo » qui sont les dépanneurs mexicains. On y trouve un peu de tout mais jamais ce que l’on cherche, excepté des chips. Dans l’un il y a du lait mais pas dans l’autre. Certains proposent des saucisses, de l’alcool, des écouteurs, du nescafé, des sodas que vous ne retrouverez pas chez l’Oxxo de l’autre côté de la rue.
Nous sommes le 2 décembre je me dirige vers Palenque.
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