09 janvier 2022

Palenque, les ruines, les fourmis et moi


Je quitte Campeche sous une pluie intense, j’arrive à Palenque, à 5 heures du mat’, sous une pluie torrentielle. Celle du genre orage tropical, on ne voit pas entre les gouttes, les rues sont transformées en fleuve, les ronds-points en lac. Trop tôt pour un check-in. Il fait 14 degrés et ne peux me réchauffer après la clim du bus calée sur 10 degrés. Dans mon entêtement à voyager léger, c’est la première fois que je ne prends pas de vêtement de pluie. Erreur ! !

Mon hostel est à un saut de puce. C’est pourtant en taxi que je m’y rends pour la modique somme de 65 centimes qui me garantissent d’arriver sec à l’auberge. Je suis crevé et frigorifié mais je découvre un hostel hyper-confortable, des chambres hyper propres, des douches chaudes même parfois trop et des WC à la japonaise qui te nettoient d’un petit jet d’eau tiède. On y reste bien plus que le temps nécessaire à un nettoyage ordinaire. Tout est bien organisé, l’administration est très rigoureuse, ça fait un peu usine. La cuisine est un peu petite, on s’y bouscule car les voyageurs ont pris l’habitude de se concocter des menus gastronomiques : galettes de flocons d’avoine le matin en sus de l’omelette aux tomates, pipérade des tomates, piment doux, et oignons mélangés à un bol de lentille à midi. Tout ça met des plombes à cuire donc, on fait la file et comme il n’y a que 2 poêles et une casserole. Ça dure. Moi, je me nourris presque exclusivement de tacos, quesadillas, tortas, gringas dans une gargote sur mon chemin.


Palenque est une ville sans charme. Elle sert principalement de point de départ pour diverses randonnées. C’est ma première étape dans le Chiapas. Alors que le Yucatan (d’où je viens) a un sous-sol calcaire et une très fine couche de terre arable, le Chiapas est beaucoup plus propice à l’agriculture. On y cultive le café, le cacao, bananes et plein d’autres fruits. Mais la région compte parmi les plus pauvre du Mexique et est encore agitée par des mouvements de révolte armée : les Zapatistes. La population est principalement maya, on apprend cette langue à la maison et l’espagnol à l’école, mais on communique en maya. Il y a quantité d’idiomes mayas, celui majoritairement parlé dans les environs de Palenque est très vite reconnaissable tantôt très fluide tant fait d’une succession de consonnes explosives.

Palenque est connue pour ses ruines et le tombeau du roi Pakal, le roi dit « cosmonaute » parce qu’il apparait allongé dans ce qui peut ressembler à l’habitacle d’une fusée, et vêtu d’une combinaison spatiale sur la stèle qui couvre son sarcophage.



Les ruines ne sont pas trop éloignées de la ville. Il faut les découvrir dès l’ouverture car en cette saison, bien que le soleil soit bas, le lieu entouré par la forêt émerge alors de la brume matinale Dans cet écrin de verdure on découvre alors : le palais, le palais de la reine, le temple des inscriptions, un petit jeu de pelote et plein d’autres temples ou monuments administratifs. L’accès en est restreint en raison de la pandémie me dit-on (elle a bon dos la pandémie) je crois que la principale raison est le manque de respect des touristes qui gambadent partout à la recherche du spot instagramable. Il n’y a pas trop de monde mais nombreux sont les vendeurs de souvenirs dont les appeaux qui font croire qu’on est entouré de singes hurleurs.


Depuis Palenque de nombreuses agences proposent la visite d’autres ruines proches du Guatemala. J’ai tenté. Le « Tour » prévoyait également une randonnée dans la jungle pour observer la faune et la flore ainsi qu’une visite d’une communauté purement maya traditionnelle. Ça sentait l’arnaque, mais l’aventure c’est l’aventure. J’ai booké en regardant la météo et le minibus est venu me chercher à 5 heures du mat’. Bientôt rejoint par une famille américaine parfaitement hispanophone et un couple de CDMX (mexico city) Nous avons roulé 4heures sur la route jalonnée de « topes » (sorte de casse vitesse installés par les communautés. Autrement dit ça n’avance pas vite mais ça secoue beaucoup. Nous avons profité de l’aube et de nombreux arrêts pipi (même trop pour moi) Le temps était radieux le soleil écrasant jusqu’à notre arrivé à Bonampak, le premier site dont le trajet comportait une bonne partie en Lancha (pirogue). Là, « Chaahk » (le dieu de la pluie)

s’est réveillé et nous bien trempé. Pris au dépourvus, mais stoïques, nous avons poursuivi la visite : Temples, tombeau, jeux de pelotes, agora et explications interminable du guide volubile qui ne pipe pas un mot d’anglais. Soudain Chaahk s’est calmé. Il était temps pour nous de rejoindre l’autre site : Yaxchilan … où Chaahk nous attendait encore plus généreux que précédemment. C’est en écoutant le guide nous raconter le site et les peintures retrouvées sur place que je me suis fait bouffer par de minuscules fourmis qui me mordaient et emportaient à chaque morsure un petit bout de ma cheville. Le collectivo nous a enfin conduit où nous allions dormir un sympathique éco-lodge minimaliste  très humide où je me suis écroulé jusqu’à 9 heure.


C’est l’aubergiste qui m’a réveillé. La veille Il m’avait tenu éveillé (à peine) en me contant l’histoire de la lune. Un discours mi espagnol mi maya C’est dire que je n’ai pas compris grand-chose et encore moins retenu quoi que ce soit. Je faisais de grands efforts pour garder les yeux ouvert et l’épouse de mon compagnon d’infortune se contentait de : hmm, ha !, hoo !  pour ponctuer le récit interminable.

Le lendemain donc : promenade dans la jungle. On m’avait promis une flore riche en couleur, une faune luxuriante. Je n’ai vu qu’un singe araignée apprivoisé très amical qui s’accrochait désespérément   à mon cou. Espérant sans doute que je le libérerais de son joug. Sinon nada même pas une grenouille. Mais plein de fourmis qui ont continué le travail entamé par leurs consœurs de la veille. Au bout de trois heures, alors qu’on me promettait une cascade (pas la plus proche qui n’était pas inclue dans le « tour » mais celle à 5 kilomètres) J’ai renoncé. Ma guide était très sympa, me tenant la main quand je risquais de glisser dans la rivière, elle était accompagnée de sa fille d’une dizaine d’année qui se nommait « Anakin » ou quelque chose d’approchant ce qui sonne très maya.

L’étape suivante était la rencontre d’une communauté Lacandon. Ils sont décrits comme très discrets, arborant de longs cheveux noir et vêtus d’une longue tunique blanche. Le tout évoquant Tintin chez les Picaros ou l’homme à l’oreille cassée. Le guide nous a baladés dans les champs et nous avons atterris dans une cabane enfumée où nous attendait un vieillard aux cheveux gris, dont le visage déformé témoignait d’un AVC plus ou moins récent. Il nous a été présenté comme le chamane très respecté des Lacandons.


Il nous a marmonné un discours sur les bienfaits de la méditation, l’importance des phases de la lune, le respect de la nature. Derrière lui sa fille, très jolie, transportait des bouteilles de coca remplies d’eau. Sa femme toute pliée trottinait autour de nous. Elle portait les cheveux longs et gris, une longue et vieille tunique, son visage parcheminé paraissait préoccupé. A son cou pendait un trousseau de clé qui atteignait son nombril tant elle était voutée. Dans le village j’ai retrouvé Anakin et sa mère. Le village Lacandon était donc une entreprise familiale.

Enfin vient le moment du retour, trois longues heures ponctuées de « topes » et d’arrêts pipi. A l’auberge, on retrouve les autres voyageurs, on échange les impressions. Je me prépare à mon étape suivante : San Cristobal de las Casas, en soignant mes mollets ponctués d’une myriade de taches rouges qui démangent.

1 commentaire:

  1. Ravie d'avoir appris le nom du dieu de la pluie, j'y penserai la prochaine que je me prends une grosse averse... Chaakh, ça sonne bien ;-)

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