Il me restait des tas de choses à faire à Mexico qui, finalement, est un excellent point de départ pour découvrir d’autres villes. Deux sites incontournables : le musée d’anthropologie qui m’avait tellement impressionné lors de mon séjour précédent et le musée Frida Kahlo dont l’accès est si difficile car la demande est excessive.
Le premier est toujours aussi intéressant l’architecture est impressionnante gigantesque avec un énorme jeu d’eau dans la cour. J’y suis entré vers 10 heures, j’en suis ressorti à 17 heures sur les genoux et le cerveau en bouillie car les explications sont en majorité en espagnol. Mais heureux d’avoir pu fixer de nombreuses informations sur les civilisations préhispaniques. C’est surtout la chronologie qui me faisait défaut.
Le musée Frida Kahlo lui, m’a déçu ; La Casa Azul est une belle maison mais la
visite est pénible. L’obligation de réserver une fenêtre de visite qui n’excède
pas 15 minute par internet est déjà en soi une contrainte qui me fais ch
suer. Arrivé sur place, à deux pas de la calle
Brusellas, on est canalisé par groupes de 10 dans la première salle. On
doit promettre de ne pas prendre de photos puis on attend que la salle suivante
soit vide pour y pénétrer. Une gardienne derrière nous, une autre devant. Le
même rythme tout au long du parcours. Que la salle soit intéressant ou non, on
a le même temps pour la visite. Dans chaque salle, des œuvres de Frida Kahlo ou
de son mari Diego Riviera ou de ses souvenirs, ou encore des ex-voto qu’elle a
collectionné. Pas une explication, pas une allusion à sa biographie. Bon, on
voit son atelier, sa cuisine son lit enfin son jardin. Le chemin de la visite
se termine par la boutique le tout dure une heure sauf si on traine à la
boutique.
Le musée est situé dans le quartier de Coyuacan où la promenade est très agréable surtout le WE. Les maisons sont basses colorées. Le quartier regorge de petit bar les gens flânent ou lisent, les jeunes flirtent dans les parcs, les jeunes filles crop top ventre au vent et cheveux bleus, vert ou rouges, rient des plaisanteries de leur copains tatoués. Car les gens, pas riens que les jeunes, sont, en grande majorité, tatoués. Pas des tatouages discrets, des qui remplissent le bras ou les deux ainsi que les jambes, certains se sont fait tatouer le visage. Bien que les dessins, en majorité fait de motifs géométriques, ne soient pas vilains. Je ne m’y fais pas et encore moins dans le visage.
Au musée d’anthropologie j’avais appris que le village de Tlatelolco voisin de Tenochtitlan (ancienne Mexico) hébergeait la place du marché traditionnel pour les Aztèques. Ce marché était le plus important de la région. Cortes fut impressionné par sa grandeur et son organisation. Il fit raser le temple de Quetzalcoatl qui s’y trouvait et utilisa les pierres pour construire le temple de Santiago après la bataille finale de la prise de Tenochtitlan qui fut particulièrement sanglante Actuellement restent les ruines aztèques, l’église Santiago et un haut building les centre Culturel Universitaire. La proximité de ces trois monuments fit nommer l’endroit la place des trois cultures car réunissant le monde précolombien, la période hispanique et la période moderne.
C’est sur cette place hautement symbolique que fut signé en 1967 un traité visant à créer une zone exempte d’arme nucléaire en Amérique Latine. C’est aussi sur cette place qu’en 1968 plusieurs centaines d’étudiants furent tués par l'armée et la police sous l'ordre du président Gustavo Díaz Ordaz.
Et c’est aussi sur cette place que je me suis vautré lourdement. Le curé de la paroisse m’a relevé. J’étais bien sonné, mon appareil photo un peu cabossé, ma cheville tordue et mon genou contusionné. C’est tout boitillant que je suis revenu à mon hostel en passant par une pharmacie pour m’approvisionner en ibuprofène. Un gentil photographe du coin a redressé le capot de mon appareil photo qui ne fermait plus. Et je suis resté allongé jambe en l’air pour le reste de la journée.
Le lendemain à l’aube je me rendais au sanctuaire de Monarques à peine remis de mes émotions. Ça faisait partie de ma « to do » liste. Ce n’était pas un genou en compote et une cheville enflée qui allait me faire renoncer. Les monarques sont ces beaux papillons orange et noirs qui migrent du canada au Mexique du mois d’août au mois d’octobre. La migration se fait sur plusieurs générations. Ils se rassemblent dans une toute petite région du Mexique dans l’est du Michoacán.
Au printemps leurs descendants entreprennent le voyage retour. Plusieurs sanctuaires existent dans la région certains difficiles d’accès : bus, puis camionnette et logement sous tente (à 2800 mètres d’altitude très peu pour moi) J’ai trouvé une petite agence qui offrait le service pour un moindre coût. Ce ne serait pas Le Sanctuaire qui pullule de papillon mais j’en verrais quand même. Le voyage en bus était sympa. Quelque sursaut d’adrénaline quand je me suis aperçu que j’avais égaré mon billet de réservation. Dans le bus le chauffeur passait de la musique des années 60 mais en espagnol. Je les connaissais tous mais pas moyen de retrouver un titre en anglais. Au bout de 5 heures on arrive. C’est un peu l’usine un grand parking à moitié plein d’autobus, le reste de voiture. D’innombrables stands de souvenirs autant de stand de nourriture et un défilé de gens qui descendent du bois l’air ravi. On apprend qu’il faudra monter « un pocito » (je cite) mais qu’on peut y aller en cheval. Moi je fais le fier malgré mon pied qui s’était bien reposé dans le bus. On me propose un bâton de marche et je commence à grimper. C’est au bout de 200 mètre que j’ai demandé un cheval. Je n’étais pas le seul. Le canasson qu’on m’alloue devait avoir mon âge tant il soufflait. Et j’avais un guide pour moi tout seul qui m’avait déjà bien assisté pour grimper sue la bestiole. Ces 200 mètres de grimpette m’avaient mis les mollets en compote. Vous l’aurez deviné : je ne suis pas un grimpeur, ni un cavalier. Au bout d’un chemin interminable. Je descends de cheval encore quelques mètres de grimpette et on découvre des nuages de papillons. Mon guide dit qu’il fait trop froid et que la plupart dorment en grappe dans les branches. Mais il n’arrive pas à atténuer mon enthousiasme. Après quelques photos il est temps de laisser la place aux suivant ; le soleil commence à se voiler et la température à baisser encore.
Maison de l'inquisition |
Se promener dans les rues du centre de Mexico est un réel plaisir. D’abord l’espace. Ici pas de ruelles sombres mais de larges rues de nombreux piétonniers et de somptueux bâtiment. On a un parfois l’impression de parcourir un livre d’histoire car chaque bâtiment ancien à son histoire racontée en quelques mots sur une plaque. Ici untel est né, là la maison été construite par untel, plus loin s’est déroulé tel évènement. Souvent on peut visiter l’endroit si bien qu’un parcours qui devait durer vingt minutes prend toute la matinée. Un vrai puzzle ; petit à petit on met les pièces en place. On rétablit la chronologie de la conquête par Cortes, ou les étapes de la guerre d’indépendance. On circule la tête en l’air mais attention aux marches.
Les commerces sont regroupés par quartier. Mon hostel est dans le coin des photographes, un peu plus loin il y a les vendeurs de lunettes qui proposent à chaque passant un examen sérieux de la vue. Quant aux dentistes, ils ont aussi leurs rabatteurs dans un autre quartier. Mais les gens passent, peu se laissent tenter. On n’imagine pas cela chez nous. Plus amusant si vous passez quatre fois au même endroit à quelques minutes d’intervalle vous serez interpellez à chaque fois par la même personne et puis par la suivante qui dépend du magasin d’après. On finit par s’habituer. On se fait aussi interpeller par les musiciens genre armée du salut dont la machine à musique est déréglée et sonne faux. Le long des piétonniers circulent aussi ces couples d’aveugles qui avancent à tâtons en se tenant par les coudes tout en chatant des air nostalgiques
A l’hostel j’ai rencontré un français de mon âge qui avait travaillé dans les années 80 au Mexique. Il me disait combien il avait été impressionné des progrès fait par le pays en si peu d’années. A l’époque me disait-il la pollution dans la capitale qu’on disait « Mexico ville morte » des mesures ont été prises entre autre la circulation alternée et la pollution n’est plus un problème. Le problème c’est l’eau. La maire de Mexico est très préoccupée par tous les problèmes liés à l’environnement. Ils ont de très bonne université de très bons ingénieurs et sont particulièrement pointus dans l’architecture en terrain sismique. Le PIB du Mexique vient parait-il juste après celui de la France.
A l’hostel, ma « roomate » Vicky, était une américaine fort originale toujours à l’affut d’un repas bon marché, elle ramassait les bouteilles en plastique de l’hostel pour gagner quelques pesos afin de se payer un buffet au restau chinois. Elle devait avoir plus de soixante ans, était dans l’hostel depuis plusieurs mois, parlait avec tout le monde dans un anglais mitigé d’espagnol. Elle avait une silhouette de bibendum et une démarche de pingouin. Toujours prête à donner un coup de main ou un conseil. Elle avait aménagé son lit comme une tente avec des paréos et prévenait quand elle allait s’endormir qu’elle ne serait plus disponible pour personne car elle dormait avec ses boules quiès et un masque. Sa seule requête étant qu’on ne ferme pas la porte de la chambre car elle avait au cours de la nuit de fréquentes envie de toilettes et qu’elle ne voulait pas déranger les autres par des bruits de serrures. Très discrète sur son existence j’ai fini par apprendre qu’elle vivait moitié au Nicaragua où elle avait un refuge pour sans papiers, moitié au Mexique. Originaire de Californie elle avait été mariée avait une fille mais avait décidé de tout quitter mais gardait un fréquent contact téléphonique avec sa fille. Un phénomène !
Il y avait aussi ce népalais qui ressemblait aux roumains qu’on voit chez nous dans les rues. Très foncé toujours un sourire aux lèvres Il saluait aux autres hôtes timidement en faisant des courbettes sans jamais obtenir leur attention. Je n’en suis pas fier, mais je ne lui ai jamais adressé la parole. C’est fou comme certaines personnes peuvent être d’emblée antipathique et ce purement arbitrairement.
Une bonne partie de la clientèle de l’hostel était de mon âge ce qui est assez rare. Ainsi ce Mexicain de Oaxaca qui venait à Mexico pour pouvoir exprimer ses doléances au président. Je n’ai pas vraiment compris la nature de ses revendications mais si elles étaient aussi importantes que la force de ses ronflements nocturnes elles risquaient d’impressionner le président.
Pierre du Soleil |
Où je prends mon petit déjeuner |
Encore une bâtisse historique |
Ambiance cool à Cocuyacan |
Petite imprimerie artisanale |