Le départ de Zipolite fut déchirant et pluvieux. J’avais
décidé de prendre le bus de nuit pour rejoindre Oaxaca puis repartir vers
Puebla un peu plus de 600 Km de virages ininterrompus. J’avais donc laissé mon barda
à Shambala. Puis l’orage s’est déclenché. Un bel orage tropical qui a inondé
les rues de Zipolite et fait fuir tous les touristes. Je suis donc resté trempé
en maillot jusqu’à 23 heures dans un Zipolite désert, attendant le départ du
collectivo. Je me suis changé à la dernière minute prévoyant la température de
la montagne. Bien m’en pris car le chauffeur redoutant la buée sur son
pare-brise, a gardé sa fenêtre grande ouverte J’étais gelé dans ma doudoune.
La veille j’avais passé une superbe soirée avec Maria et son
époux, les propriétaires de l’hôtel. Un repas sur la plage en l’honneur de l’ex
de Maria. Une soirée toute en espagnol, au cours de laquelle j’ai appris la
somme des difficultés que rencontre la région pour l’approvisionnement en eau.
Il n’y a pas eu de vraie saison des pluies depuis plusieurs années et les puits
de la région commencent à donner de l’eau salée. J’ai appris l’omniprésence des
cartels qui veillent au bien être des touristes punissant sévèrement les petits
malfrats ou les petites bandes indépendantes. Ils entendent par-là protéger
leur florissant business de shit et de coke. Depuis qu’ils « protègent »
la région, plus aucun vol n’a été rapporté. On a seulement déploré quelques
rares mais violentes agression de petit revendeurs.
Le trajet Zipolite Oaxaca fut donc frigorifique, le froid
aidant, les envies de faire pipi se font plus pressantes. Mon siège était
coincé en mode semi couché mais pas allongé, le vent glacé me giflait le visage
et les virages de la route montagneuse maintenait le contenu de mon estomac au
bord de mes lèvres. Pas question de lire donc encore moins de dormir. La
seconde partie du voyage : Oaxaca-Puebla beaucoup plus plane mais tout aussi
inconfortable offrant de splendides paysages de plaine de cactus chandelle,
dits aussi Saguaro (carnegiea gigantéa)
on se croirait en plein western. A Puebla, j’avais le dos en compote, pas
pratique pour porter le sac à dos. J’adore arriver dans une ville dont je ne
connais pas grand-chose. A chaque fois, il faut trouver les astuces. Où est-ce
que je me trouve bon sang et comment puis-je rejoindre mon hostel. Le
taxi ? Trop facile. Le bus ? Oui mais lequel. A Puebla la gare
routière est très excentrée et mon hostel pas loin du centre d’après Booking ®.
Il n’y a pas de plan des bus. On me conseille donc le métro-bus qui me conduit
au sud du Zocalo. Malheureusement mon hostel se trouve au nord du centre
historique. Ces deux derniers kilomètres me paraissent interminables. C’est
vrai que la circulation est difficile pour le non-poblano. Il y a plein de
petits vans qui circulent dans tous les sens indiquant tous leur destination
finale (un quartier de Puebla) mais aucun arrêt n’est indiqué On reconnait les arrêts
populaires au monde qui patiente sur le trottoir.

A première vue Puebla est une ville sans charme construite
en pierre noire. Les nombreuses églises parsèment la ville ressemblent à des
forteresses. Elles sont hautes, foncées pas de fenêtres. Et me font penser à
l’abbaye du film « Le nom de la rose ». Les clochers sont
démesurément hauts. La cathédrale est du même type. Puebla est connue pour ses
céramiques les « talaveras » qui ornent certaines maisons. Celles-là
font penser à Lisbonne. Pourtant il y a plein de chouettes petits endroits à
découvrir des rues commerçantes ornées d’arbres centenaires, des musées en
veux-tu en voilà.
La bibliothèque Palafoxiana qui date de 1646 qui comporte
plus de 45.000 ouvrages dont une bible imprimée à Anvers. Un lieu magique tout
en bois. Les livres tout serrés sont exposés sur plusieurs étages d’étagères
finement sculptées. On accède aux plus hautes par des escaliers couinant puis
une échelle amovible
Le musée Amparo dénote par son architecture moderne. Il
expose l’histoire précolombienne du pays. Les salles sont agencées par
thème : la langue, la religion, la musique, les vêtements, les rites. Puis
on aboutit à la terrasse ou on peut admirer le Puebla vu d’en haut.
Dans le genre curiosité, j’ai pu admirer le plus petit
volcan du monde. Son nom : Cuexcomate. Il fait 23 mètres de haut et date
de 1064. Il s’agit d’une cheminée du plus connu Popocatepetl. Le Cuexcomate n’a
rien de spectaculaire. Sa seule particularité est d’être situé en pleine ville.
Pour voir le Popocatepetl il faut aller à Cholula, une
petite ville voisine. Cholula fut un important centre de pèlerinage qui a été
complètement détruit, ses habitant tués par Cortez. La pyramide qui s’y
trouvait, une des plus grande du monde précolombien fut ensevelie. Au sommet de
la colline ainsi construite on a bâtit une église : « Nuestra Señora
de los Remedios »
Le massacre de Cholula reste dans la mémoire et est
régulièrement commémoré. C’est la première fois que lors d’une visite guidée je
remarque une sorte de rancœur vis-à-vis de l’envahisseur. C’est depuis la
colline, après une ascension essoufflante, que l’on découvre le Popocatepetl.
Majestueux, Il s’agit quand même d’un des plus hauts sommets du Mexique (5426
m) Il a fait parler de lui en septembre passé mais actuellement aucune
fumerolle.
C’est le musée de la révolution mexicaine qui m’a le plus
impressionné. Il y est raconté toutes les étapes de la révolution mexicaine et
depuis l’éviction du dictateur Porfiro Diaz et l’assassinat de ses opposants
les frères Serdan en 1910 ; J’ai visité aussi les tunnels secrets datant
de plus de 500 ans qui ont servi pendant la guerre d’indépendance. Ça m’a fait
penser aux réseaux souterrains de la place royale et du parc royal qui ont
servi chez nous en 1830.
Un peu à l’écart du centre il y a le « barrio de artes
murales ».Tout un quartier dont les murs sont recouverts de fresques très
colorées sur des thèmes divers, la santé, la religion, l’histoire, les origines
indiennes.
Dans le genre découverte, j’ai gouté au « Pulque »,
boisson traditionnelle à base de sève d’agave fermentée. Le liquide est un peu
épais, pas tellement agréable en goût surtout qu’à la première gorgée le
liquide parait un peu épais et fait penser à de la salive.
Par contre j’ai apprécié
une autre liqueur traditionnelle la « Pasita ». J’ai re-testé le mole
(prononcer molé), cette sauce traditionnelle à base de cacao originaire de
Puebla et Oaxaca et décidément ça ne passe pas.
Puebla est construite de la façon traditionnelle datant des
espagnols, des rues en damier chacune à sens unique et nommées par numéro et
orientation depuis le centre : le Zocalo. Le Zocalo est la place centrale
où l’on se promène, on se bécote et ou on manifeste par exemple sur
l’augmentation du prix de l’électricité que les grosses entreprises payent cinq
fois moins cher que le particulier.
C’est aussi la place où se produisent les
écoles de danse traditionnelles le dimanche. Depuis le Zocalo je retrouve les
files de gens qui attendent devant les banques (à Zipolite c’était les
touristes devant les ATM) Ici, pas de musique crispante au feu piétonnier (ça
ne me manque pas) Autour du Zocalo rien que des immeubles historique. Ils
datent pour la plupart de l’époque espagnole. On sent la démesure Des façades
gigantesques, des sculptures en veux-tu en voilà des angelots, des feuilles,
des fleurs des armoiries tous de pierre foncées Certains ont été transformés en
bâtiments administratifs d’autres repris par des banques tout sont ouverts
gratuitement à la visite Sinon on retrouve des garrottes qui offrent tous à peu
près la même carte devant laquelle un employé vante les mérites de Sa gargote.
Pas de terrasse où on aimerait se poser.
Les rues commerçantes sont très vivantes les familles
poblanaises y déambulent chargées d’achats ou font la queue devant le glacier.
Vous ai-je dit que les mexicains adorent les glaces de même que les
churros ? De plus ils aiment tout ce qui est frit et un peu graisseux dès
lors il n’est pas étonnant que les rayons des Oxxo (libre-service) regorgent de
chips ; la moitié de leurs rayons en sont encombrés
Mon hostel était donc à une proximité relative du
centre-ville. Une entrée discrète faite d’une porte de bois gigantesque doublée
d’une grille en permanence cadenassée sous la surveillance permanente d’un
gardien. Une fois passé ce double portique on arrive dans un patio allongé
parsemé de sièges inconfortables où donnent les chambres. Celles-ci sont
grandes et chacune dotée de deux lits entourés de murs ajourés. De la place
donc. Là s’arrête le confort. On est à 2.200 mètres d’altitude au mois de
février. Les portes sont ajourées et les couvertures sont les bienvenues. Mais
elles sont petites on en reçoit deux. Si l’une tient les pieds au chaud,
l’autre ne suffit pas pour le haut du corps. Pas question de se retourner on
découvre toujours une partie du corps. Et je ne parle pas des douches. Pas de
douches chaudes !! Aussi pratique-t-on les toilettes de chats. Je regrette
vraiment Zipolite et les douches face à l’océan.
Mais bon le soir après le repas (car les mexicains mangent
tôt pas de restos après 9 heures). On se retrouve entre touristes, on se
raconte les découvertes du jour. Je fais découvrir le Mercado de sabores ouvert
de 8h à 20h un espace où on peut découvrir toute la cuisine poblanaise. Un
français fan de somment raconte sa passion pour les volcans. Il est venu au
Mexique pour faire quelque sommet, il a renoncé au Popocatépetl car il est fermé
aux touristes. Mais il compte bien faire la Malinche et le Pic d’Orizaba, 5636
mètre quand même. Lui n’a pas froid la nuit car il s’est muni d’un duvet
spécial montagne. Je le trouve assez gonflé car il ne parle pas un mot
d’espagnol ni d’anglais.
De la chance pour tes papiers cool de voir que tu fais plein de nouvelles amies :-) JM
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